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SEULS explore musicalement des espaces photographiques en empruntant divers chemins de traverse : musique classique, jazz, musique de film et musique traditionnelle. Quatre mouvements structurent l’œuvre : Doubles, Troubles, Dédoubles et Yalnız. Doubles prend comme sujet le “Trouble de la Personnalité Multiple” (TPM). Troubles se déploie à la manière d’une “Personnalité aux Multiples Troubles” (PMT). Dédoubles pense les quatre musiciens comme des “Multiples Personnalités Troublées” (MPT). Si les trois premiers mouvements sont conceptualisés à partir d’une combinatoire de trois lettres, TPM-PMT-MPT, c’est pour trouver un corollaire au niveau musical : la matière exposée dans le premier mouvement se voit ainsi semée à travers les deux autres, mais revêtit des sens différents. Tout se transforme...

Sur scène, un écran géant laisse jaillir plusieurs photos de Laurent Thurin-Nal, comme un espace scénographique pour les trois premières parties du spectacle. Dans le dernier mouvement, le spectateur vit un véritable renversement de la perception, grâce au court-métrage de photomontage, Yalnız. Le public déplace le principal de son attention de la sphère auditive, un concert, vers la sphère visuelle, un ciné-concert, pour construire son propre ciné-roman.

- Sara Picavet, Piano
- Sébastien Walnier, Cello
- Daniele Cappucci, Double
- Antonio Fusco, Drums

Du 9 au 12 juin 2020, Stéphane Orlando met en scène quatre jeunes chanteurs du Centre d’Art Vocal et de Musique Ancienne de Namur (Cav&ma) au Théâtre Royal de Namur, pour réaliser un film opéra dont il a également composé la musique, sous la caméra attentive et créative de Thomas P. Decaro.

Il conçoit le scénario du film The Smile avec son fils Hugo en une mini-série de cinq épisodes d’environ 8 minutes, remontée ensuite en un film de 27 minutes. The Smile raconte l’histoire d’une jeune chanteuse d’opéra (Morgane Heyse) troublée alors qu’elle répète seule sur une grande scène vide. Prisonnière du théâtre, elle se sent écrasée par le lieu, puis par l’apparition d’une chimère (Julie Vercauteren) qui incarne la célébrité et l’opulence, mais aussi par la réminiscence d’une relation amoureuse passionnelle gangrenante (Kamil Ben Hsaïn Lachiri).

Ce seront deux poèmes de William Blake qui lui montreront la direction dans sa quête de sens : The Fly, sur la fragilité de l’existence, chanté par le messager (Pierre Derhet), puis The Smile, que notre héroïne chantera à la fin, sur la recherche de sincérité au-delà de nos constructions sociales d’identité.

Forts de cette première expérience opératique face à la caméra, Jean-Marie Marchal, directeur du Cav&ma et producteur du film, et Stéphane Orlando décident de pérenniser cette formation vocale contemporaine modulable, en la baptisant Cave Cantores, et de lancer immédiatement un nouveau projet de film opéra.

Du 15 au 18 novembre de la même année, Stéphane Orlando tourne Night Falls au Delta à Namur, un autre centre culturel important de la capitale Wallonne. On y retrouve les chanteurs du Cave Cantores à cinq voix, autour de la chanteuse de jazz Veronika Harcsa, l’héroïne de l’histoire.

Le combat intérieur dont il est question ici est celui d’une chanteuse vivant entre deux mondes, le classique de son illustre père violoncelliste (Jean-Paul Dessy) et le jazz cher à son coeur de ses amis saxophoniste (Bo Van der Werf), guitariste (Benjamin Sauzereau) et pianiste (Stéphane Orlando), où elle voit une possible clé vers plus de liberté artistique.

Quatre vers de William Blake issus de son poème Night, vont guider la narration à travers différentes pièces d’un puzzle de souvenirs réels et inventés — on la voit enfant cherchant à attirer l’attention de son père ou délirante et immobile sur le toit du Delta. Ce méli-mélo passé, présent et futur se cristallise dans un bad trip musical puissant aux retombées catastrophiques. Les paroles chantées, écrites par Veronika Harcsa, aident ici encore à comprendre l’évolution.

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Gibellina est une petite ville sicilienne connue pour les architectures contemporaines qui se sont érigées comme des pansements suite au terrible tremblement de terre dévastateur de 1968. Le site abandonné de l'ancienne ville s'est vu remplacé par un chef-d’œuvre du Land Art réalisé par Alberto Burri, le Grande Cretto, édifié entre 1985 et 1989. Il s’agit d’une œuvre monumentale, pour laquelle l’artiste a imaginé une immense coulée de ciment blanc dévalant le flanc de la montagne.

De grandes tranchées ont été réalisées, suivant le tracé des rues de l’ancienne ville, permettant au visiteur de se déplacer au sein de ce labyrinthe blanc. En 2007, ce labyrinthe de béton aux proportions minotauriennes est le décor surréel des chorégraphies intimistes de Manuela Rastaldi, rendues dans un bel écrin enrobant par les images de Thierry De Mey dans « Sicilia : Vie de Gibellina », dont l'esthétique, si caractéristique, laisse sans voix. En 2018, 50 ans après le tremblement de terre, Stéphane Orlando compose une nouvelle musique sur une version de 18 minutes du film de Thierry De Mey pour l'Ensemble Hopper, pour magnifier l'impulsion créatrice des artistes, toujours plus forte pour dépasser les catastrophes dévastatrices, qu'elles soient d'origine naturelle ou humaine !

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Pour un rien explore les différentes inflexions que le souffle peut générer à partir de l’accordéon ou de son accordéoniste, jusqu’à devenir une danse flexible très expressive. Dans cette pièce, l’accordéon devient le vecteur d’une exploration sonore délicate et nuancée. L’artiste utilise son souffle, ainsi que la dynamique et la résonance de l’instrument, pour créer une gamme variée de textures et d’émotions.

Chaque note, chaque accord est minutieusement sculpté, révélant des subtilités et des variations infinies. La performance se déploie comme une conversation intime entre l’accordéoniste et son instrument, où chaque souffle transforme l’espace sonore en un ballet aérien et poétique. Les mouvements de l’accordéoniste, souples et gracieux, se mêlent à la musique, créant une symbiose parfaite entre le son et le geste.

Pour un rien est ainsi une célébration de l’art de l’accordéon, un voyage où l'instrument respire et danse, transformant les moindres nuances de souffle en une expression musicale riche et captivante.

La plus secrète mémoire des hommes
après une lecture de Mohamed Mbougar Sarr
un radio-concert de Stéphane Orlando

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Le Merle noir a inspiré beaucoup de créateurs. Olivier Messiaen écrit un merveilleux Merle noi ren 1952 pour flûte et piano, et consacre la deuxième de ses Petites esquisses d’oiseaux pour piano en 1985 à ce même animal. Nina Simone interprète en 1966 un Blackbird poignant accompagnée uniquement de percussions, où l’oiseau est une métaphore du jeune noir américain persécuté : « Why you wanna fly Blackbird you ain't ever gonna fly ». Et bien sûr, les Beatles en 1968, avec un Blackbird qui sonne comme une réponse à Nina Simone : "Take these broken wings and learn to fly".

Au cours d’un échange radiophonique, Pascale Tison dialogue avec Sylvianne Hazard pour retracer les hypothèses des influences de Paul McCartney — Bach, l’Inde, le chant d’oiseau, Angela Davis et la lutte pour les droits civiques afro-américains — et conclut en affirmant que « tout peut être vrai aussi et juste, et se juxtaposer… ».

Une approche créative labyrinthique se retrouve également dans La plus secrète mémoire des hommes, un livre-monde du prix Goncourt 2021 Mohamed Mbougar Sarr, qui m’a profondément inspiré et m’a dicté le titre pour cette nouvelle pièce dédiée aux musiciens de l’Ensemble Musiques Nouvelles et à toute l’équipe dans l’ombre qui permet de rendre cette aventure humaine possible, riche et nécessaire, depuis 60 ans maintenant!